Dans cet article, nous allons voir ce qu'est un Etat unitaire et en quoi l'Etat unitaire se distingue de l'Etat fédéral.
Mais avant de nous intéresser plus en détails à la notion d'Etat unitaire, il convient de définir ce qu'est un Etat.
Selon le professeur Cornu, l’Etat est un groupement d’individus fixés sur un territoire déterminé et soumis à l’autorité d’un même gouvernement qui exerce ses compétences en toute indépendance en étant soumis directement au droit international.
On retrouve dans cette définition les trois éléments constitutifs de l'Etat, à savoir :
- un territoire déterminé
- une population identifiée
- une organisation politique qui exerce l’autorité de façon souveraine sur la population identifiée de ce territoire déterminé
Ainsi, l’Etat est la forme de l’organisation du pouvoir politique.
On distingue principalement deux formes d'Etat : l'Etat unitaire et l'Etat fédéral.
L’Etat unitaire : définition
L’Etat unitaire ne comprend qu’un seul centre de décisions politiques. Il n’y a qu’un seul exécutif, qu’un seul Parlement et qu’une seule organisation juridictionnelle. Sur le plan juridique, il n’y a qu’une seule Constitution et qu’une seule législation applicable sur l’ensemble du territoire.
Ainsi, la France est un Etat unitaire.
Mais on peut également citer comme exemples le Royaume-Uni, ou encore la Chine. Dans ces pays, les individus sont soumis au même gouvernement, aux mêmes lois et aux mêmes juridictions.
En théorie, l'Etat unitaire est purement centralisé ; l’ensemble des décisions mises en œuvre au sein de l’Etat sont prises à un seul échelon. Autrement dit, l'ensemble des décisions applicables sur le territoire sont prises depuis le centre de l'Etat, à savoir la capitale.
Mais ce type d'organisation est en réalité difficile à mettre en oeuvre dans un Etat dont le territoire est relativement vaste. C'est pourquoi les Etats unitaires très centralisés sont uniquement des micro-Etats, comme par exemple la principauté de Monaco.
Ainsi, dans la majorité des Etats unitaires, la centralisation est relative. Deux modes d'organisation de l'Etat unitaire et d'aménagement de la centralisation sont utilisés : la déconcentration et la décentralisation.
La déconcentration
La déconcentration vise à permettre aux autorités les plus élevées de déléguer leur pouvoir de décision à des autorités moins élevées au sein d’une même personne morale.
Concrètement, l’idée est d’implanter dans des circonscriptions locales des autorités administratives représentant l’État. Ainsi en France, les préfets (départements et régions) et les maires (communes) représentent l'Etat au niveau local.
Réparties sur l'ensemble du territoire, ces autorités administratives se voient reconnaître un certain pouvoir de décision. Elles peuvent ainsi tenir compte des particularités locales pour exercer l'autorité de l'Etat.
La décentralisation
La décentralisation est également un aménagement de la centralisation. Elle consiste à transférer des attributions de l’État vers des entités locales distinctes de lui, qui disposent de la personnalité morale.
Par exemple, les collectivités territoriales (communes, départements, régions, collectivités d’outre-mer) et les établissements publics chargés de gérer un service public (lycées, hôpitaux, etc…) sont des entités juridiques distinctes de l'Etat, qui disposent d'un pouvoir de décision dans un certain nombre de matières.
Il faut bien comprendre qu'à l’inverse de la décentralisation, la déconcentration transfère un pouvoir de décision à des autorités qui n’ont pas la personnalité morale, qui ne sont pas des entités distinctes. Par exemple, les préfets et les maires ne sont pas des entités juridiques distinctes de l'Etat.
La France, qui était un État unitaire très centralisé, est aujourd’hui un État déconcentré et décentralisé. A ce titre, l’article 1 de la Constitution, depuis la révision constitutionnelle du 17 mars 2003, dispose que l’organisation de la République française est « décentralisée ».
La distinction entre Etat unitaire et Etat fédéral
L'Etat fédéral est un groupement d’Etats qui acceptent d’abandonner une partie de leurs compétences au profit d’un autre Etat qui se superpose à eux. C'est la principale différence entre l'Etat unitaire et l'Etat fédéral ; tandis que l'Etat unitaire n'est constitué que d'un seul Etat, l'Etat fédéral est composé de plusieurs Etats.
Par exemple, les Etats-Unis, l’Allemagne et le Canada sont des Etats fédéraux. Chacun de ces pays comprend un certain nombre d'Etats fédérés, auxquels se superpose un Etat fédéral.
Ainsi, les Etats-Unis sont un Etat fédéral composé de cinquante Etats fédérés (la Californie, le Texas, la Floride, etc...). La République fédérale d’Allemagne, quant à elle, compte seize Etats fédérés, appelés "Länder". Au Canada, les Etats fédérés sont appelés "provinces". Le Québec, par exemple, est une province du Canada.
A noter : L'Etat fédéral doit être distingué de la Confédération, qui désigne une association d’Etats qui décident de créer des organes communs afin de coopérer dans un certain nombre de domaines (en matière diplomatique ou militaire par exemple), mais conservent leur souveraineté. Contrairement à l’Etat fédéral, la Confédération n’est donc pas un Etat. Par exemple, la Confédération helvétique était une confédération avant sa transformation en Etat fédéral en 1848. Aujourd’hui, la CEI (Communauté des Etats Indépendants) est une confédération rassemblant les Républiques de l’ex-URSS, à l’exception des Etats baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie).
Les Etats fédéraux sont caractérisés par trois principes :
- le principe de superposition
- le principe d'autonomie
- le principe de participation
Le principe de superposition
Selon le principe de superposition, l’Etat fédéral est le seul qui peut entretenir des relations au niveau international. En outre, le droit fédéral prime sur le droit fédéré et est directement applicable sur le territoire au niveau interne.
Le principe d'autonomie
Le fédéralisme repose sur une Constitution, qui prévoit les compétences de l’Etat fédéral et celles des Etats fédérés. Généralement, la compétence de droit commun appartient aux Etats fédérés tandis que l’Etat fédéral n’a qu’une compétence d’attribution, ou d’exception. C'est par exemple le cas aux Etats-Unis.
Mais chaque Etat fédéré garde sa propre Constitution, son propre exécutif, son propre Parlement et ses propres tribunaux. La législation peut d’ailleurs être très différente d’un Etat fédéré à un autre. Ainsi aux Etats-Unis, la peine de mort n’est pas appliquée dans certains Etats fédérés, tandis qu’elle subsiste dans d’autres.
Il s'agit d'une différence majeure entre l'Etat unitaire et l'Etat fédéral ; comme on l'a vu précédemment, la législation dans un Etat unitaire est, sauf exceptions, la même sur l'ensemble du territoire. En outre, dans un Etat unitaire, les subdivisions du territoire n'ont pas la même autonomie que dans un Etat fédéral. En France par exemple, les régions et départements n'ont pas leur propre exécutif, leur propre Parlement et leur propre Constitution.
Le principe de participation
Enfin, le dernier principe d'organisation de l'Etat fédéral est le principe de participation.
Selon ce principe, les Etats fédérés sont associés à l’organisation de l’Etat fédéral.
Ainsi, l’Etat fédéral dispose d’un Parlement bicaméral, avec une première chambre composée de représentants de la population dans son ensemble, et une seconde chambre composée de représentants des Etats fédérés. Aux Etats-Unis par exemple, la Chambre des Représentants représente la population, tandis que le Sénat représente les Etats fédérés.
En outre, les Etats fédérés participent généralement à la désignation de l’exécutif fédéral. Par exemple, le Président des Etats-Unis n'est pas élu au suffrage universel direct, mais avec un mécanisme de décompte des mandats électoraux par Etat fédéré.
Enfin, toute révision de la Constitution fédérale suppose l’accord des Etats fédérés.
Au contraire, dans un Etat unitaire, les subdivisions du territoire ne sont pas associées de la même manière à l'organisation de l'Etat. En France par exemple, les collectivités territoriales ne participent pas à la désignation du président de la République, ce dernier étant élu au suffrage universel direct. De même, la révision de la Constitution ne suppose en aucun cas leur accord.